The story

In this exhibition, Gaya was both artist and curator. He was showing his own work in an original display following a fictional investigation about François Hippolyte, an imaginary artist who could have existed at the same time as Paul Gauguin.
Gaya, alias François Hippolyte, has realized all the artworks of this exhibition, as well as the investigation documents. Everything was intentionally aged and weathered to materialize and make this character alive and credible.
The exhibition was displayed in a chronological order, from the first discovery of Hippolyte artwork by a certain Bruno Deval, followed by several style breaks and different investigation stages, to finish progressively with a work very similar to Gauguin… to the point where the visitor could wonder if this Hippolyte did not really exist and if Gauguin did not actually plagiarize Hippolyte’s work…

 

So here’s François Hippolyte’s story, which may make you doubt and believe…

 

 

« Vincent, François, Paul and the other painters… »

(from a truly fake story by Gaya)

This story is the summary of seven years of investigation which resulted in this incredible and scandalous hypothesis that could create a controversy in the world of art history.

 

 

 Bruno Deval avec son "petit coin de Paradis"

 

The adventure started in 2013 when Bruno Deval bought a small watercolor in a flea market in Taravao, Tahiti. The strange and original artwork was partly framed on only on two sides, like a big painted and sculpted corner. This is how it caught the eye of Deval, a teacher and an Oceanic art amateur.
There were two initials “F.H.” in the bottom of the drawing and after opening the frame, you could read “Little piece of heaven n° 4 ” on the back of the watercolor, with the signature of a certain… François Hippolyte. At the market, the seller “Madame Amo” told Deval that she found this painting “bizarre” and that she didn’t like it. It was her old and lonesome neighbour who had given it to her, as she had been taking care of her until she died recently. She had also given her a pack of yellowed sheets torn out from a notebook with drawings on them, mixed up with meaningless sentences, and which seemed to come from this same “F.H.”. Bruno Deval hurriedly bought them too. There were in fact about sixty very damaged sheets.
Il s’agissait d’une soixantaine de feuilles très abîmées, probablement des pages détachées de plusieurs cahiers de croquis, faisant aussi office de journal intime, regroupées et nouées entre elles avec une vieille corde. Plusieurs annotations et brides de phrases parfois décousues entouraient les dessins.

 

 

Exemple d'une feuille de croquis de François Hippolyte retrouvée parmi soixante autres. 

Il a donc fallu glaner des indices dans ces pages et les regrouper afin d’en tirer quelques informations. On y décelait un artiste mélancolique qui notait ses états d’âmes, des réflexions intimes, des opinions bien tranchées, des contradictions aussi… L’artiste devait être complexe...
 
Ainsi, on décèle à la lecture de ce journal qu’il s’agissait d’un artiste rêvant de liberté et d’exotisme. Il serait arrivé à Tahiti vers 1890, et il semblerait qu’il n’ait eu que très peu d’échanges avec la population d’origine européenne.
Dans ces quelques pages, il ne mentionne qu’une seule « vraie amitié », en l’occurrence avec un membre de la communauté religieuse, une personne qui fut très importante pour lui, le Père André, qui lui avait laissé un « fare » à disposition aux abords de Papeete, en échange de menus travaux et services pour la paroisse. En amour, une seule amitié platonique est mentionnée avec une « femme tahitienne », mais pour autant aucune femme ne semble avoir partagé sa vie. Il était très croyant et il semblait vivre seul par choix dans son fare.
Quel âge avait-il, quelle vie avait-il auparavant, venait-il de France et de quelle région était-il originaire ? Plusieurs questions restent encore sans réponses.
Chose très intrigante dans ces écrits, de nombreux indices suggèrent que la religion et la sexualité semblent avoir toujours été source de conflits et de contradictions pour Hippolyte, comme pour son contemporain l’artiste Paul Gauguin. Comme lui, il avoue également fuir ses contemporains et les « colonisateurs » avec qui le contact était difficile (à l’exception de son ami le Père André !).
Gauguin et Hippolyte se seraient d’ailleurs rencontrés plusieurs fois, ainsi que l’attestent les nombreux écrits retrouvés dans les feuillets... Ceci étant, à aucun moment il n’est mentionné clairement le nom de Gauguin, seulement celui de « Paul », mais il est évident qu’il ne pouvait s’agir que de Paul Gauguin !
Une première rencontre entre Vincent Van Gogh et François Hippolyte remonterait également à 1887 à Paris. On le sait maintenant grâce à une lettre découverte dans les archives du musée Van Gogh à Amsterdam et que Vincent Van Gogh aurait adressée à Paul Gauguin :
« En me rendant chez Madame Nurbaut pour prendre mes couleurs, j’y ai fait la rencontre d’un drôle de personnage, un certain François Hippolyte. Il a insisté pour que j’aille voir son travail à son atelier (rue Bordet) afin de lui donner mon avis sur son travail. Je l’ai donc suivi, et quelle surprise ! C’est un travail vraiment novateur, quelle modernité ! Le non fini, les raccords… Je n’ai jamais vu de tableaux aussi imaginatifs ! Il dit que son œuvre à venir est en constante gestation, en renouvellement continu. Il sait ce qu’il veut et a fort caractère… Il me plaît, et je suis sûr qu’il vous plaira aussi. Il a pour projet de quitter Paris pour l’Océanie. Il faudrait absolument que vous le rencontriez avant qu’il ne parte. »


 

Copie de la seule lettre de Vincent Van Gogh adressée à Paul Gauguin, concernant sa rencontre enthousiaste avec François Hippolyte.

 

Dans ses feuillets, Hippolyte mentionne une rencontre avec un certain « Paul » au moment de l’exposition universelle de Paris en 1889, et enfin une seconde en 1891 à Papeete, suivie de plusieurs autres.
D’après Bruno Deval, il est certain que ces deux artistes avaient des idées et des aspirations communes, si l’on compare ce que l’on sait de Paul Gauguin et certaines œuvres retrouvées de Hippolyte.
Toutes ces coïncidences étonnantes incitèrent Bruno Deval à suivre son intuition et à mener plus loin son enquête afin d’en savoir plus sur Hippolyte, tout en essayant de trouver d’autres œuvres.

 

 

 Exemple d’une annonce qui est parue dans la presse afin d’obtenir des contacts dans la recherche d’œuvres de François Hippolyte.

 

Au cours de ces dernières années, Deval aidé de quatre amis de confiance et passionnés d’art menèrent discrètement des enquêtes oralement et passèrent de petites annonces en Polynésie. Mais rien, quasiment aucune trace officielle de son passage en Polynésie, ni photos ou écrits sur François Hippolyte aux archives territoriales, à l’exception de son acte de décès daté du 14 décembre 1905 et son inhumation à Papeete.
Cependant, tant bien que mal et après des années de patience et de recherches, ces passionnées découvrirent et recensèrent tout de même plus de 46 pièces signées Hippolyte ou F.H. qui étaient éparpillées sur les archipels de la Société et des Marquises, ainsi qu’en France et quelques-unes aux Etats-Unis, ce qui comprend des peintures, des aquarelles, des sculptures, un meuble et mêmes des céramiques. Hippolyte aurait fabriqué lui-même le premier four de potier à Tahiti !
Mais le plus étonnant, d’après Bruno Deval, c’est que toutes les créations retrouvées semblent avoir des points communs plus que troublants avec le travail et la démarche artistique de Gauguin !
Hippolyte mentionne d’ailleurs dans son journal que « Paul » lui rendit visite plusieurs fois à son atelier de Papeete, mais qu’en revanche, pour aller voir celui de « Paul » à Mataiea, ce dernier trouvait toujours une excuse pour ne pas le recevoir en retour, prétextant toujours que les tableaux n’étaient pas terminés, qu’ils séchaient ou toutes sortes d’autres raisons, comme si Gauguin ne voulait pas de visite. Donc si l’on en croit son journal, Paul et Hippolyte se connaissaient visiblement très bien !
En revanche, dans aucune correspondance de Paul Gauguin, envoyée de Tahiti à sa famille ou à ses amis, n’est mentionné le nom de François Hippolyte. Rien n’y atteste non plus qu’il se soient rencontrés…
Sauf que, toujours d’après le journal de F.H., ce n’est qu’en 1896, en entrant dans l’atelier de Gauguin à Mataiea à son insu (alors que Gauguin était absent), que Hippolyte découvrit enfin et avec stupeur le « supposé travail » de Gauguin qui n’était en fait qu’une « pâle copie de (ses) propres œuvres et de facture moins bonne ! »... Ce sont-là les mots de Hippolyte transcrits dans ses feuillets.
Alors, à la vue de certains travaux retrouvés, qui se serait inspiré de qui ? Gauguin aurait-il plagié Hippolyte ou se serait-il juste « hippolytisé » ? Ou est-ce François Hippolyte qui aurait plagié Gauguin ?
Même s’il est certain que le style de Gauguin était déjà bien affirmé avant qu’il n’arrive à Tahiti, la chose n’en reste pas moins troublante… Peut-être que Gauguin, en mal d’inspiration, aurait « dérobé » certaines idées de Hippolyte ?
D’après Hippolyte, Paul aurait quitté Tahiti pour les Marquises pour lui échapper...
(Extrait du journal) : « Même s’il quitte Tahiti pour aller se cacher aux Marquises, je le retrouverai avec l’aide de Dieu... », « Il m’a pillé, m’a volé mes idées, tout mon travail et il sera puni, que Dieu m’en soit témoin ! »
Quoi qu’il en soit, avec les seules pièces observées, il est encore trop tôt pour affirmer ou démentir quoi que ce soit, ce ne sont là que des suppositions.
Sur les conseils d’une « relation », Hippolyte serait allé voir un « sorcier » sur la presqu’île de Tahiti qui lui aurait conseillé de fabriquer quatre « tupapau » (fantômes), puis de les placer aux quatre coins de l’ancien domicile de Gauguin à Mataiea « afin que son travail meure avec lui et ne soit jamais reconnu » !
Gauguin serait alors décédé une semaine seulement après que Hippolyte ait sculpté ces quatre sculptures de tupapau et suivi ces instructions… Peut-être s’agissait-il d’une coïncidence, mais dans son journal, Hippolyte évoque souvent cet étrange hasard, ses regrets et sa culpabilité dans la mort de Gauguin...
En tout cas, parmi les 46 œuvres regroupées par Bruno Deval et ses amis passionnés, on compte une inquiétante sculpture en tapa en relativement bon état, conservée chez un collectionneur, et qui semble correspondre aux descriptions et dessins d’un de ces tupapau retrouvés dans les feuillets.


 

 Sculpture " Tupapau "

 

Enfin, grâce aux archives et au recueil de certains témoignages, on a retrouvé la tombe de Hippolyte dans la partie en friche sur les hauteurs du cimetière de Papeete.
François Hippolyte y repose aujourd’hui inconnu de tous, mais il est fort à parier qu’après cette incroyable enquête, il ne le soit plus pour très longtemps... 

 

 

 Tombe de François Hippolyte

 

Notes complémentaires :
Actuellement Bruno Deval, aidé de nouveaux collaborateurs à ce projet, continue de poursuivre ses recherches en Polynésie, aux Etats unis et en Europe.
D’ailleurs, parmi les 46 œuvres déjà recensées, certaines pièces, qui seront exposées à Paris, sont actuellement en cours d’authentification…
En France, un film documentaire sur Hippolyte intitulé : « Vincent, François Paul et les autres peintres… » est actuellement en cours. Un autre documentaire sera également réalisé ici pour la partie polynésienne… Nous profitons donc de cette exposition pour lancer un appel à candidature sur le Fenua car nous recherchons un réalisateur pour un documentaire sur François Hippolyte…
(A SUIVRE…)

 

 

Deux projets de maquette pour Beaux Arts magazine.

(Parution prévue pour mai 2022)

 NB : Nous vous rappelons que tout ceci est une histoire fictive, mais que les œuvres sont réelles et entièrement réalisées par l’artiste Gaya.